Les Salauds / Les Exigences
Là où Claire Denis avec Les Salauds échoue, Olivia Profizi avec Les Exigences réussit remarquablement.
Là où Claire Denis avec Les Salauds échoue, Olivia Profizi avec Les Exigences réussit remarquablement.
Sobre comme son personnage principal, Michael Kolhaas, (…) le film embarque dans une épopée chevaleresque sans grandiloquence.
Il pleure. Articule un « Maman » pas tout à fait prononcé. Force son allure et la freine aussitôt. Il est à la suite. À la traîne. Main gauche, son doudou maintenu contre sa hanche fouette le sol. Qu’importe. Il pleurniche. Dit encore sans prononcer tout à fait. Accélère et ralentit. Il a trois ou quatre ans. Casquette sur la tête. Débardeur et short. Ses sandales ralentissent sa marche à chaque mouvement de ses pieds qui refusent de se lever, de gagner…
Le jour se lève sur la ville encore endormie. Dehors, l’air est calme. Quelques pigeons volètent. Des tourterelles chantent. La rumeur se lèvera plus tard au rythme du mouvement des avions, des allers et venues dans les rues et sur les boulevards. Elle a faim. Elle a froid. Passe un cardigan et verse de l’eau à chauffer pour le thé. Depuis le balcon s’offrent les toits zinc et tuiles, l’avenue de platanes. Frondaisons qui barrent le ciel d’une frise verdoyante….
De sa bouche ne sort plus aucun son. Il est mutique. Aphasique. Vieux. Enfermé sur lui-même, il est terré dans un monde à l’accès réservé. Regard translucide derrière le sombre de l’iris. Mâchoires fichées l’une sur l’autre. Commissures verrouillées. Qui n’a ni clé ni code restera à la marge. Demeurera dans le seul filet d’air que sa bouche putride privée de sonorité exhale à mesure de son souffle. Il a choisi de se taire. Ne prononce plus un mot. N’exprime…
Soleil fort. Ciel nuageux. Intense chaleur de fin d’après-midi. Dans les rues, les pavés sombres chauffent les semelles, les murs hauts renvoient la chaleur dont les pierres sont gorgées. L’ombre se fait rare. Malgré le passage de camions citernes arrosant le pavage d’une nuée d’eau vaporisée, la température reste difficilement supportable. À la terrasse des cafés, quelques ventilateurs égrennent des goutelettes qui s’envolent sous la puissance de l’air. Clients ravis de cette fraîcheur pourtant fugace. Au restaurant, d’aucuns peinent devant…
Minuit et demie. Dans la capitale européenne, le dernier métro à jeté hors des quais la foule rentrée d’un concert achevé quelque vingt minutes plus tôt. Leur correspondance impossible, touristes et autochtones se trouvent dans la rue piégés, loin du centre-ville ou d’un lieu de vie où reposer l’émotion musicale. À proximité, palissades de chantier derrière lesquelles se dressent des immeubles en construction aux futures habitations luxueuses, pour qui ne connaît pas la crise ici. Rues pavées aux angles desquelles…
Sans crier gare, combler la béance. Sans mots. Sans joliesse.
Hijacking, de Tobias Lindholm, est un film efficace, tendu, sans concession
Je m’étire. Pousse la porte de la cuisine. Aussitôt le soleil qui traverse la fenêtre serre mes pupilles. Plissement des yeux. (…)