Sage femme

Sage femme

Béatrice est sage-femme. Elle vit à Mantes-la-Jolie, va travailler à vélo et entretient son jardin en bord de Seine. Son fils est étudiant en médecine, il s’émancipe doucement, ne rentre pas toujours dormir à la maison.

Claire a élevé seule son fils. Elle ne s’entend pas avec sa mère — qu’on sent un peu mère-courage, toute en devoirs et obligations dans une vie dont le plaisir semble absent.

La maternité dans laquelle Claire a fait toute sa carrière est menacée de fermeture : trop vétuste, pas assez rentable, on lui préfère, pour l’avenir, une usine à 4 000 naissances par an. Les sages-femmes sont dubitatives, certaines optent pour le nouveau format, Claire ne s’y voit pas, elle résiste à ce changement-là.

Un soir, il y a ce message sur son répondeur qui la trouble. Béatrice reprend contact quelques dizaines d’années plus tard. Elle était la belle-mère d’une tranche de vie de Claire, sans pour autant avoir épousé le père, ancien champion de natation.

Béatrice est atteinte d’un cancer du cerveau. Elle sait ses jours comptés, alors elle veut revoir Claire et se faire pardonner le fait d’avoir disparu du jour au lendemain de la vie d’alors. Elle est fantasque, aime tant la vie qu’elle refuse de mourir et tente de conjurer le sort en ne changeant rien à son rythme échevelé : fumer et boire à l’excès, manger trop, trop riche, trop gras… ce qui rend folle Claire.

Les deux femmes se retrouvent et se réapprivoisent avec douceur et éclats, dans la sensibilité de deux êtres fragiles, malmenées par la vie.

Au-delà de Béatrice, c’est aussi Paul qui débarque dans la vie de Claire. Routier jardinier philosophe, il la séduit et patiente car Claire peine à lui faire une place dans sa vie.

Et puis tout s’accélère : Claire apprend qu’elle va être grand-mère, l’état de Béatrice dégénère après son opération, Claire accepte de lâcher, de se réjouir, fait l’amour à la sauvette dans le cabanon du jardin,  boit un verre quand elle refusait tout alcool…

Dans ce chamboulement, dans ce tourbillon qui traverse sa vie, Claire se nourrit de la liberté de Béatrice comme de celle de Paul. Les vieilles blessures sont en voie de cicatrisation, les rancœurs se discutent. Il semble qu’à mesure que la vie fuit Béatrice, elle reprenne corps et s’ancre à nouveau chez Claire.

Avec beaucoup de douceur et de subtilité, Martin Provost donne à comprendre que Béatrice choisit de s’arrêter de vivre. Elle aura laissé une lettre avant de partir en terminer. Pour les autres, la vie pourra continuer.

Sage femme est un film tendre et émouvant. Le duo Deneuve Frot y est excellent, tandis qu’Olivier Gourmet n’est pas en reste.

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