Montréal, voyage express #2

Montréal, voyage express #2

Soleil de printemps sur la ville encore couleur neige la semaine précédente. Les écureuils amaigris et curieux reniflent la main des passant-es avant de s’échapper vers un tronc à gravir. C’est dimanche, le printemps se répand et éclabousse la moindre parcelle d’ombre fraîche, le moindre recoin d’herbe jaunie d’avoir été privée de soleil pendant tout l’hiver.

Les gens d’ici sortent profiter pleinement des premiers rayons qui réchauffent les corps. Bras nus, robes d’été et shorts, anoraks, écharpes, pull, bottes ou nu-pieds. Pique-nique en famille ou entre amis. Ambiance festivalière multicolore, multiethnique, multigénérationnelle à travers les rues de Montréal, des berges du Saint-Laurent aux parcs du Mont-Royal. Il fait beau, il fait doux et, loin de la banalité faite au temps dans notre contrée, le printemps prend ici une connotation toute particulière. C’est une fête, une ode à la vie, au regain d’activité simplifiée par la fonte des neiges, par la clémence du ciel. Remarquables, les journées ensoleillées comptent pleinement.

À l’instar de mes précédents séjours, je trouve la ville facile à circuler, calme, les gens aimables et bienveillants. Des passants s’arrêtent pour apporter un renseignement quand je tente de lire mon plan : « merci ! », « bienvenue ! »

Envie de choses folles : goûter à la poutine et à la viande fumée alors que la viande me fait rarement envie, boire une bière au sirop d’érable alors que l’amertume de la bière déplaît à mon palais, oser le hamburger et les desserts hyper sucrés quand je m’en passe volontiers… Ressentir que tout est possible, ici autrement qu’ailleurs. Quelque chose me lie à cette ville, je ne sais dire quoi, pour autant j’éprouve une attirance renouvelée pour les cousins du Québec : accent, expressions fleuries, affabilité, sens de la solidarité ; pour ce territoire aux conditions climatiques rudes, immense, ouvert, sauvage, dont je ne connais qu’une minuscule parcelle.

Des heures à arpenter les rue et ruelles, à gravir la « montagne » puis à marcher dans les restes de neige. Des heures à jouir du temps, du ciel dégagé, de la vue imprenable qui s’offre depuis les hauteurs. À partager la cacophonie du parc où se mêlent les combats moyenâgeux, les équilibres sur tissu toilé, la jongle, les concerts de percussions, les marchands d’artisanat local, les joueurs de foot américain, les badauds.

Le soir venu, quelques itinérants demandent une pièce ; l’un d’entre eux, tantôt adossé au pied d’un immeuble tantôt debout, crie sa solitude dans la rue. Corps tordu sous l’effet des toxiques, mal-être hurlé au monde.

Séjourner au Québec. Quand ? Comment ? Quelques bribes se dessinent dans mon esprit. Il me reste du temps pour organiser une migration saisonnière.

 Lire l’épisode précédent : Montréal, voyage express.

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