Prises / Reprises

Prises / Reprises

Sur scène, un plateau de bois noir — que j’appellerai « la chose » — posé au sol, incliné. La salle s’emplit, la lumière baisse, s’éteint. Plein feu sur le plateau. Silence.

Rien ne se passe. Rien ne se passe. Rien ne se passe…

Soudain la chose se meut, s’agite. Soubresauts. Se déplace. Bruits du bois contre le sol. Mouvements rapides. Silence. Denis Mariotte apparaît à peine lors des déplacements qu’il fait avec la chose. Corps à corps. S’agit-il d’une danse, d’une transe, d’une lutte, d’un combat ?

Ambiance sonore intrusive, le son est fort, dissonant, agaçant pour l’ouïe. Quelques mots difficiles à saisir. Extraits de bande son de films.

Plus tard, la chose sur sa tranche, pelletées de poussière de briques cassées jaillissant vers la salle, ossements, vêtements, matière à nouveau, jet de canettes écrasées. Tremblement de s’être postée au premier rang. La vision est brouillée par une poussière âcre qui envahit l’espace en se déplaçant lentement.

La chose vient sur le dos du danseur qui parcourt l’espace jonché. C’est la guerre. Il court. Abrité sous la chose, il traverse en tout sens. Tombe du ciel un fracas de matière. Il évite. Parfois la matière s’écrase sur la chose. Choc. Chaos.

Silence, son. Silence, son. Denis Mariotte demande la paix. Se meut entre mouvement et immobilisme. Au rythme du son. Drapeau blanc, les oiseaux chantent.

Tombent du ciel des branchages arrachés, des oiseaux morts qui se fracassent au sol. Folie destructrice. Course poursuite, course pour rien. Et l’histoire continue. Entre moments lents, tentatives d’apaisement et la reprise d’une agitation folle.

La pluie martèle le plateau de la chose. Plaisir du son. Esthétique du ruissellement. Le danseur s’inonde, l’eau sur lui l’eau l’eau dans lui. Il se dévêt. Tombe la veste sur une même veste. Tombe le pantalon sur un même pantalon. L’eau ruisselle. S’étire et dessine de curieux mouvements. Elle progresse lentement. Plateau jonché de débris, de boue maintenant.

Étonnants mouvements du danseur autour de la chose qu’il déplace furieusement, immobilise, contourne, laisse tomber brutalement sur son dos, emporte à nouveau comme enragé, arrête, contourne… Mise en danger du danseur performeur.

Dans cette histoire, la mort rôde et finira par l’emporter, sous la neige qui recouvre lentement un corps tombé d’épuisement. Noir.

Prises / Reprises est une performance de Denis Mariotte programmée au festival In Extremis XL proposé par le théâtre Garonne. Extrait.

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