Non à la guerre

Non à la guerre

Il y a déjà eu cent mille victimes.

Récemment, certains sont morts d’une attaque qu’on dit chimique. Aussi insidieuse que l’irradiation d’un Tchernobyl ou d’un Fukushima. Des civils saisis d’invisible. Des enfants, des femmes et des hommes, certains très jeunes d’autres bien moins. Ceux qui ont survécu blessés à jamais. Corps ruiné. Descendance pathologique. Tous ceux-là dont le corps s’est mis à trembler. À cracher. À souffrir d’ils ne savent pas quoi. Personne ne sait quoi. D’aucuns supputent. On parle de gaz sarin.

Depuis près de trente mois les journées de conflit se succèdent. Population malmenée. Pays ravagé. Malgré les manifestations longtemps pacifiques, la volonté de rester hors de la violence, des brutalités, des attaques à l’arme automatique, des bombardements.

Dans le pays qui est le mien, on s’apprête à envoyer des soldats combattre en Syrie. Une fois encore, l’Occident veut donner la leçon. Mater les civils militarisés qui s’entretuent depuis trop longtemps. On les avait bien prévenus, on va leur monter ce qui est bon pour eux. Tout casser et reconstruire made in Occident. Faire du business parce qu’il peut rapporter gros.

Au moment où les peuples du monde entier s’insurgent contre le modèle capitaliste dominant, la guerre, le sang, la menace à la vie, en voilà une façon de faire taire les revendications — en France ou ailleurs. De plier à genoux les indociles tout en leur assénant la dette encore alourdie à rembourser. L’autoritarisme qu’on s’apprête à combattre chez les uns — vos pratiques sont inadmissibles —, le pratiquer en retour de donneur de leçon.

Quelle honte la guerre ! Alors que les caisses sont vides, faire diversion en projetant d’aller piller autrui. Ruiner un peu plus l’État dans l’attente que celui du conflit paie sa dette aux sauveteurs. Une dette en marchés militaires, en marchés de reconstruction, en technologies et autres savoir-faire. Dans le monde du business globalisé avide de nouveaux marchés, les armées sont complices, les chefs d’États aussi. La guerre est profitable.

Massacre. Épidémie. Malnutrition. Population réfugiée. Octroi. Colonisation. Servage. Mise sous tutelle. Rien ne change jamais au royaume des hommes à poigne.

Quelle connerie la guerre ! Jeu de dupes. Sous couvert de protection, de sauvegarde, de « quand même ça suffit on vient vous apprendre à vivre commencez par mourir », on calcule avant d’agir. Toujours. Un pays sans intérêt économique, géopolitique, peut attendre pour qu’on lui porte secours. Autour de celui-ci, les vautours sont nombreux. Trop nombreux. En désaccord. Leurs enjeux divergents. Entre ceux qui ont déjà profité et ceux qui veulent en être. Entre ceux qui ont matière à chantage et ceux qui voudraient être dans le ton du refrain.

Quelle saloperie la guerre. Civils syriens joués à la roulette russe, au boulier chinois, à la CIA américaine, à l’angoisse française de la reprise, au monkey business anglo-saxon… Cependant que la population occidentale se voit asséner la leçon du qui est du bon côté qui du mauvais. Du prêt-à-penser prémâché.

Sous aucun prétexte la guerre. Jamais. La diplomatie est là pour préserver les vies. Pour discuter la dispute. La mésentente. Pour faire avancer les esprits sur le chemin de la résolution. De la solution concertée. De la sortie tête haute. Population préservée.

Chaque matin, je regarde le savon d’Alep dans ma salle de bain. Par respect pour la population syrienne piétinée, par superstition peut-être, je le préserve, je ne l’utilise plus. Je ne veux pas le voir disparaître.

Syrie : relecture de la crise, entretien de Romain Aby avec Isabelle Feuerstoss, 15/10/12
Liste des guerres en cours, chez Wikipédia.

 

One thought on “Non à la guerre

  1. Une excellente stimulation pour veiller au grain, ne pas oublier que notre paix relative tient à la guerre implacable que se mènent certains.
    A demain, Hélène.
    S.

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