Avant le bus
Gare routière. Le printemps affleure et le soleil est doux. Début d’après-midi en semaine. Un petit groupe fait la queue au bord d’un quai.
Gare routière. Le printemps affleure et le soleil est doux. Début d’après-midi en semaine. Un petit groupe fait la queue au bord d’un quai.
« Plus personne dans la rue d’ici la fin de l’année » avait annoncé le Président en juillet 2017…
C’est quand même dingue cette focalisation sur un virus moins ravageur que la pollution industrielle, les pesticides, la malbouffe. Les cancers tuent bien que le covid plus depuis des dizaines d’années…
Elle sait que sa vie va changer, elle s’accroche à ça ce matin en poursuivant la découverte du quartier où elle vit depuis plus de dix ans sans avoir jamais pris le temps, avant, d’en visiter les rues et les ruelles.
Chacun avait négocié la sortie prétexte pour les courses et les mères s’étaient pliées aux suppliques. Elles avaient écrit une attestation, rendant Lisa et Kim responsables des courses du foyer à cette date précise.
Elle s’est arrêtée dans une zone commerciale. Paysage d’automne sur sa route, couleurs flamboyantes. Paysage goudron et panneaux solaires sur le parking gris sombre. Il fait doux, l’air est encore tendre. Un vent léger tire sa portière quand elle la pousse depuis l’habitacle. L’air est chargé d’iode, elle l’inspire à pleins poumons. Il est près de 14 h, elle n’a rien prévu pour le déjeuner et la faim tiraille son estomac. Elle pense entrer brièvement dans le centre commercial pour…
— Fiction du réel — Elle n’en peut plus. Du tout. Elle n’en peut plus du tout. Les ennuis ont commencé il y a quelques semaines, non, quelques mois maintenant, il lui faut bien l’admettre. Elle l’a senti venir ce tournant. Elle l’a senti venir mais elle a cru que l’orage passerait, celui-ci comme les précédents. Une affaire de patience et de temps. Une affaire qu’elle essaierait de maîtriser autant que faire se peut. C’est ce qu’elle s’était dit quand…
Au lever du jour, le brouillard a envahi le paysage. L’air est saturé d’humidité. Les berges du Tarn ressemblent étrangement aux Landes en hiver, l’odeur de résine en moins. Elle marche au long de la rivière. Bonnet couvrant les oreilles, gants doublés polaire, elle a enfilé une doudoune dont le gonflant d’air l’isole du froid arrivé trop tôt cette année. Changement climatique ou pas, elle peste d’avoir dû changer de garde-robe d’une semaine à l’autre. Remisés les collants fins, les…
Pause déjeuner près de la médiathèque aux flancs rouges. Comme à l’accoutumée dès que le temps le permet été comme hiver, lycéennes et lycéens achètent leur repas dans le supermarché discount de l’espace commercial. Et pique-niquent à l’ombre des conifères de l’espace vert. Là, deux tables à lames de bois avec bancs reliés. Trois sièges en fer ajouré en guise d’assise, disséminés en trois points. Et sous un préau, deux autres banquettes de trois sièges. De l’herbe piquée de pâquerettes…
Elle arpente les rues sac à main à l’épaule droite, sacoche à main gauche. Ciel gris sur trottoirs détrempés. La nuit a été pluvieuse, l’air est saturé d’humidité. Elle regarde ses pas pour éviter de glisser. Ses semelles tiennent le pavé. Ce matin, elle prendra le bus, bien moins onéreux que le train. Du simple au double d’après son étude comparée. La loi Macron n’y peut rien, c’est le Département qui a fait les lignes et les tarifs. Puisque les…