Bleu, blanc, Brahms

Bleu, blanc, Brahms

L’été est torride, Yannick et Hakim tentent d’y tuer le temps entre sodas et frustrations. Les sorties se font au kebab et le sport collectif c’est le foot dans lequel Yannick excelle tandis que son pote Hakim est moins fluide.

12 juillet 1998, finale de la coupe du monde de football. C’est dans cet espace-temps que l’auteur, Youssef Abbas, installe ses protagonistes, dans une ville moyenne de province française. Le fil narratif se déroule entre 17h30 et la 92e minute du match qui classera l’équipe de France championne.

Dans cette photographie d’une banlieue de la fin du siècle dernier, l’auteur mélange les personnages, les milieux sociaux, les réflexions sur ce qu’être de la cité génère, en termes de réflexions, de façon de regarder le monde, de se sentir souvent « à côté de la plaque ».

Hakim et Yannick vivent dans le même immeuble, tout comme Guy au premier étage, l’étrange voisin qui ne parle à personne et écoute Brahms en boucle. Lui porte les stigmates de son éducation et d’un burn-out qui l’a fait tout quitter.

Le jour de la finale, Yannick et Hakim se rendent chez les parents de Marianne, absents, qui ont confié la maison à leur fille et, malgré eux, la fête de cette soirée foot. Les convives, ami.es de Marianne, se retrouvent dans le pavillon avec jardin. Elle, sorte de reine de la soirée, s’occupe des uns et des autres et semble délaisser Yannick, avec lequel une relation intime s’est nouée plus tôt, comme un accident de parcours pense Yannick.

Bleu blanc Brahms se déroule en trois parties. La première pose le contexte, les protagonistes. La deuxième est consacrée à Yannick, elle s’ouvre à 20 h, la dernière nous embarque chez Guy à partir de la mi-temps. Et puis, au moment de la victoire, alors que le quartier clame sa joie à grands renforts de vacarme, le drame survient.

«  Sans en avoir formellement convenu, les consignes étaient claires entre eux : rester cloîtrés dans le véhicule pour le safari en Bourgeoisie. Sûr que la vitre était utile. Certes cette espèce-là n’attaquait pas tant qu’on n’augmentait pas ses impôts, mais la prudence restait de mise. […] À cet égard, les tribus ne se rassemblaient pas au pied d’immeubles — leur civilisation n’était sans doute pas assez évoluée pour en concevoir, évitaient les kebabs et, sans contradiction apparente, ingéraient une dose incompressible de légumes sans pesticides et d’antidépresseurs une fois la quarantaine arrivée. »

Avec un sens de la formule qui embarque l’imaginaire, Youssef Abbas pique ses pages de références littéraires, musicales (parfois trop !) et déroule sa partition jusqu’à la chute abrupte des dernières pages.

Bleu, blanc, Brahms est son premier roman, paru aux éditions Jacqueline Chambon.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.